Prieuré

Le Prieuré d'Arnas : un héritage entre foi, histoire et renouveau

L’histoire de l’église d’Arnas remonte à des temps anciens. D’après une charte conservée aux Archives Départementales du Rhône, on sait qu’elle fut d’abord donnée au monastère féminin de Saint-Pierre de Lyon (aujourd’hui Musée des Beaux-Arts). Moins d’un siècle plus tard, entre 1030 et 1033, elle passa sous l’autorité de la grande abbaye bénédictine de Savigny, près de L’Arbresle. Cette abbaye, autrefois ravagée par les bandes hongroises en 940, vit affluer les donations pour se relever de ses ruines.

Un prieuré au service du salut éternel

Le prieuré d’Arnas accueillait une petite communauté de cinq à six moines, vivant au rythme de la prière et des obligations religieuses. À l’époque, les nobles faisaient des dons à l’abbaye pour assurer le repos de leur âme et garantir une sépulture dans un lieu sacré, échappant ainsi aux flammes de l’enfer.

Sous l’influence de Savigny, trois églises paroissiales dépendaient d’Arnas : Dracé, Ouilly et Boyeux (probablement situé à Châtillon-d’Azergues). En 1086, l’église d’Ouilly fut donnée à Savigny, marquant ainsi la pleine intégration du prieuré d’Arnas et de ses dépendances au sein de la puissante abbaye du val de la Brévenne.

Du prieuré à la paroisse

Bien que gérant l’église paroissiale pendant des siècles, les moines cessèrent cette mission en 1649. Désormais, l’église passa sous l’autorité des curés nommés par l’archevêque, tandis que le prieur, souvent absent, leur versait une rente annuelle.

Le dernier prieur d’Arnas, Louis-François Lemau de l’Écossay, prit possession du prieuré en 1774, alors âgé d’une trentaine d’années. Personnage haut en couleur, il était connu pour animer les festivités locales. En 1781, Henriette de Ponbichet écrivait avec ironie :
"Nous avons une chevalerie qui donne des bals tous les vendredis, dirigés par le prieur d’Arnas… Tu n’auras pas de peine à croire que des plaisirs conduits par un prieur soient bien menés !"

La fin du prieuré et son destin à travers les siècles

Lors de la Révolution française, le prieuré fut vendu comme bien national le 14 avril 1791. Louis-François Lemau acheta alors une maison à Belleville, où il s’éteignit en 1805, à 62 ans.

Plus tard, en 1919, Paul et Marguerite Lemau de Talance rachetèrent le prieuré pour 10 000 francs avec l’intention d’en faire une école libre, un projet qui ne vit jamais le jour. La bâtisse fut alors divisée en appartements avant de redevenir une maison familiale en 1945, jusqu’à sa vente en 2004.

Une architecture préservée et un nouveau souffle

Reconstruit au XVIIe siècle, le bâtiment arbore une architecture austère avec ses murs en pierres jaunes, percés de fenêtres à meneaux. Certaines d’entre elles furent condamnées lorsque l’impôt était calculé en fonction du nombre d’ouvertures – une fenêtre à meneaux comptant alors pour quatre !

Seul élément décoratif remarquable : une ferronnerie finement ouvragée du XVIIe siècle orne encore la haute fenêtre centrale de la façade nord. À l’intérieur, des plafonds à la française superbement conservés et un escalier en pierre usée par le temps confèrent au prieuré un cachet historique exceptionnel.

Aujourd’hui, ce monument chargé d’histoire a trouvé une nouvelle vocation : en 2008, le prieuré a été restauré et transformé en mairie, perpétuant ainsi son rôle central dans la vie d’Arnas.